Adonis, Chevalier d'Or du Lion
L'Homme aux Crocs de Lumière

Un oiseau d'une beauté presque irréelle se laissait glisser majestueusement sur les courants d'airs chauds diffusant dans le ciel. Il arborait un magnifique plumage brodé de multiples couleurs toutes plus expansive les unes que les autres. Sa queue ressemblait allégrement à un feu d'artifice de bleu, de vert, de rouge, de blanc, d'oranger, de jaune... Il possédait une telle prestance que j'arrivais pas à détacher mes yeux de lui. Il s'agissait là d'une espèce rare d'Oiseaux de Paradis, ne vivant que dans ces contrées sauvages, aux milles dangers mais à la beauté incomparable. L'animal passa devant l'astre du jour, semblant le pourfendre en deux dans un éclat d'une rare pureté. Un sourire se dessina alors sur mes lèvres.

- Que j'aimerai être comme toi…que j'aimerai pouvoir me détacher de tous les afflictions envahissant cette terre, que j'aimerai vivre dans l'innocence, que j'aimerai pouvoir prendre en main mon destin.

Une légère brise s'était petit à petit levée, faisant danser harmonieusement mes cheveux tel un doux crépitement de flammes.
Un léger bruit.
Je tournais la tête en contre-bas du rocher sur lequel j'étais perché pour apercevoir un troupeau de zèbres venant se désaltérer dans une petite étendu d'eau. Parmi eux, de jeunes nouveau-nés jouaient, se bousculant et roulant sur leur pattes fébriles, juste sculptées. Plus loin, deux girafes se repaissaient des quelques feuilles vertes d'un arbre perdu dans cette immensité de prairie. Sur les bords boueux de l'étang, des hippopotames se doraient au soleil, le corps recouvert de fange tandis que des milliers d'oiseaux prenaient leur envol, effarouché par la course folle d'un groupe de lions.

- Apollon, murmurai-je tendant la main vers mon compagnon.

En effet, à ses côtés siégeait un immense lion à la magnifique fourrure rousse. Ses grands yeux verts fixaient l'horizon comme pour essayer de trouver des réponses à d'éventuelles questions assaillant son esprit. Il était à la fois imposant et discret, jouant sur son agilité surnaturelle pour ne pas signaler sa présence. Ses crocs, d'une éclatante blancheur, saillaient de sa gueule à demi-ouverte. Les incessants roulement de sa langue sur ses babines noires trahissaient une faim grandissante. A l'entente de son nom, le félin tourna langoureusement la tête en direction du jeune homme.

- Tu ne peux imaginer combien je t'aime mon ami. Toi et moi ne formons qu'une seule et même famille. Oui, toi et moi ne sommes qu'un seul être.
- Rôaaa, rugit le fauve comme pour lui donner son approbation tandis qu'il s'était dressé sur ses pattes arrière, laissant admirer son impressionnante musculature.
- Mon cœur et le tient ne font qu'un… souffla le garçon, les yeux à demi-clos.

Adonis s'étendit sur un rocher, brûlant qu'il était au soleil, luisant comme un miroir. Il resserra le bandeau rouge qui tenait ses cheveux dorés. Sa tunique bleue lui semblait tellement légère…serait-ce l'habitude de vivre sous ce climat ? Il ne pouvait expliquer pourquoi il aimait tant cette couleur. Il avait en vain tenter de trouver une explication mais sans succés.
Il sortit alors une lettre épaisse d'une des ses poches, comprenant de nombreuses pages noircies par l'encre qu'il avait mis des jours à déposer. Il défroissa délicatement les feuilles et y plongea son regard.

- Papa, maman, je pense qu'il va bientôt me falloir quitter cette terre sur laquelle je vis depuis maintenant sept ans. J'ai donc décidé, en remerciement, de vous dévoiler l'intégralité des mystères qui me composent. J'espère que vous apprécierez de lire le récit de ma vie et que vous saurez comprendre ma décision.

C'est la prestigieuse terre grecque qui m'a vu naître, un dix-huit Août, un jour de Soleil et de forte chaleur, comme aujourd'hui. Mon prénom fut choisi par mes parents. Passionnés qu'ils l'été par la mythologie, ils choisirent celui d'Adonis. Oui, ils voulaient que je ressemble au fameux héros qui fut l'amant et l'objet de convoitise de Déesses comme Aphrodite, en autre. Pour être franc, j'honore ce prénom. Il est doux, plein de significations, mais m'a causé bien des soucis.
Comme vous le savez, je suis l'aîné de la famille. Oui, j'ai eu la chance d'avoir une petite sœur de deux ans ma cadette. Callia. Elle aussi, son prénom, elle le doit à la passion historienne de nos parents ; il signifie belle en grec. J'avoue qu'il lui scie à ravir.
Je suis né dans la grande ville de Delphes, dans une petite cabane, non loin du Temple dédié au légendaire dieu Apollon. Je me souviens l'avoir visité maintes et maintes fois pendant mon enfance, m'imprégnant des mystères millénaires hantant l'endroit. Moi aussi je me passionnais pour l'histoire de ma nation. D'ailleurs, il est amusant de noter que plus je grandissais et plus mon attitude se rapprochait de celle du héros, telle qu'elle fut décrite par Homère.

Mes parents été vraiment très pauvres et nous n'avions guère que de quoi subsister. Ma mère se tuait au travail pour tenter de préserver des conditions de vie respectable tandis que mon père a sué sang et eau pour nous m'éduquer correctement. La venue de ma sœur n'arrangea pas les choses et c'est pourquoi j'ai commencé à vouloir aider mes parents, les soutenir et même les soulager de leur fardeau. D'ailleurs, vous noterez que l'on retrouve tôt cet esprit chevaleresque dont vous me parler sans arrêt…
Le fait est que j'appris les arts martiaux à l'école de la vie et que je m'entraînais en y mettant tout mon cœur, toute mon ardeur. J'y consacré beaucoup de temps tout en restant très sérieux à l'école.
C'est alors qu'un jour, j'ai entendu parler des combats illégales qu'étaient les combats de rue. Plusieurs hommes présentaient leurs champions et récompensaient le vainqueur grâce à une part des paris empochés. Vous dire que j'en baver serait arranger la vérité ; cette partie de ma vie fut un enfer mais, un enfer nécessaire. J'ai commencé à gagner assez d'argent pour pouvoir aider ma mère mais c'était loin d'être suffisant. Je sais que mes parents ont tous fait pour que j'arrête de me battre, pour que je m'occupe plus de moi mais j'en été incapable. J'ai toujours aimé protéger les autres, les épauler même au profit de ma vie, de ma personne. Celle qui en a le plus souffert était ma petite sœur. Chaque fois que je revenais à la maison, le corps meurtri et le visage en sang, elle s'occupait de moi en pleurant à chaudes larmes. Je sais qu'elle aurait fait n'importe quoi pour me faire arrêter mais elle n'osait pas. Elle me vouait une grande admiration qui la plaçait comme la personne la plus chère à mes yeux. Je sais au combien de nombreux frères ne peuvent supporter leur sœur mais moi, je la considérais plutôt comme un cadeau des Dieux que comme une malédiction. Elle était tout pour moi. C'était ma sœur.

Pendant mon enfance, je ne me suis guère fait d'amis de sexe masculin. Quand à ceux du sexe féminin, je ne préfère guère en parler. Pour résumer, disons que l'amour n'a jamais guidé mes pas. Il faut l'entendre de la bonne oreille. Je n'ai jamais été heureux avec une fille.
Tous mes camarades ne rêvaient que de me battre et d'empocher l'argent qui trônait sur ma tête. Un jour portant, j'ai rencontré un être mystérieux. Il se nommait Delphinios. Je l'ai rencontré lors d'un affrontement où le destin me l'avais assigné comme adversaire. Il était vêtu d'une longue toge bleu qui cachait son visage. Je ne me souviens pas avoir autant mordus la poussière que ce jour là. Un seul coup de poing dans l'abdomen me propulsa quelques mètres en arrière et me paralysa. A ma grande surprise, il m'offrit la récompense et me proposa de venir manger chez lui, il avait à me parler. Il habitait lui aussi dans une petite cabane mais elle était entouré de lumière. Bien sûr, au début, je n'ai guère réalisé pourquoi mais, patience, vous allez comprendre.
C'est là qu'il ma parlé de sa technique de combat : Le Shining Fist ». Il cherchais un disciple et après avoir parcouru toute la Grèce, il avait décidé de me choisir moi car d'après lui, ma chevelure et mes yeux dorés n'étaient pas la fruit du hasard. C'est vrai que ces traits de mon physique m'ont toujours attirés les bonnes grâces de ses demoiselles mais, moi, je m'en fichais. Elles ne m'intéressaient pas. Mais bon, comme je vous l'ai dis, je ne préfère pas en parler.
Donc, cette mystérieuse technique était, apparemment, une technique aussi vieille que ma nation. Elle remontait aux origines de la Grèce et fut inventée il y a des millénaires…pendant la période de la mythologie. Elle repose sur une harmonie parfaite du corps et de l'esprit afin de pouvoir être en parfaite adéquation avec l'énergie solaire. L'osmose entre les mouvements du corps et la lumière s'avère être la clef de cette arcane. Combinant attaque et défense, réflexion et action, elle se voit apparaître comme un art gracieux et redoutable. Je n'oublierai jamais l'exemple qu'il pris pour m'expliquer plus simplement des siècles de théorie.

- Imagine toi être le soleil. Imagine toi pouvoir démultiplier tes membres comme le fait l'astre avec ses rayons. Imagine toi posséder la force de sa brûlure et l'intensité de sa lumière. Imagine toi être Hélios et pouvoir dominer le ciel de ton éclat. Voilà en quoi consiste cette technique.

Au départ, inutile de préciser que j'étais plus que sceptique mais, j'ai bien dû me rendre à l'évidence.
Mon apprentissage dura cinq ans. Cinq longues années pendant lesquelles je suivis ses conseils, pendant lesquelles j'endurais de terribles épreuves. Et puis…Un jour, il m'annonça que l'instruction était terminé. Il me dit que le reste, ce serait à moi de le définir comme l'on fait tous les autres avant moi. Je me souviens d'ailleurs que, lorsqu'il est parti, il avait enfin enlevé sa mystérieuse capuche qui lui masqué le visage. Quelle surprise de voir un homme possédant la même chevelure dorée ainsi que les mêmes yeux de braise. Il me quitta en me disant ceci :

- Adonis, tu es désormais un solide combattant mais ton destin ne s'arrête pas là. Il est entre tes mains. Et, le jour où, toi aussi, tu transmettras cette technique, tu comprendras me paroles. Adieux mon ami.

Je me suis alors senti perdu pendant quelques temps. Je ne savais guère quoi faire et surtout, je me croyais loin de pouvoir accomplir les prouesses dont il m'avait parlées. Avant, j'avais juste gagné de quoi nourrir ma famille et avait sans doute perdu plus que je n'avais acquit. Mais, cela allait bientôt changer.
Mon tout premier combat restera gravé dans ma mémoire à tout jamais. Mon adversaire avait seize ans soit quatre de plus que moi. Il était relativement bien bâti et semblait très dangereux. Son torse nu laissait saillir une musculature déjà finement dessinée. Son pantalon déchirée trahissait des conditions de vie sans doute plus misérable que les miennes. Ses longs cheveux noirs étaient peignés avec une queue de cheval. Ses yeux reflétaient sa rage de vaincre…
Je me mis en position, ne me laissant guère impressionner. Puis, il m'a chargé…à ce moment, lorsque son poing allait venir s'écraser sur mon visage, tout est devenu clair. J'avais compris le secret du Shining Fist ». J'ai esquivé son coup avec une grande facilité avant de balayer son bras avec le mien. Puis, en quelques secondes, une myriade de coups s'est abattu sur lui, le propulsant à quelque mètres en arrière, inconscient. Je n'oublierai guère les visages livides de l'assemblée encore en train de s'interroger sur le pourquoi du comment j'avais exécuter mes mouvements avec une telle vitesse.
Fier de moi, je suis rentré à la maison, un petit tas d'argent en poche. Plus les mois s'écoulèrent, plus je remportais de victoires avec différentes techniques toujours plus rapides et destructrices. Puis…

Un soir alors que je rentrais chez moi, j'ai vu la chose la plus horrible que je puisse imaginer en train de se dérouler. Ma maison était en flamme et aucun cris ne venait troubler le long crépitements des flammes. Je me suis précipité à l'intérieur et là…La mort. Ma demeure sentait la mort. Mes deux parents étaient là, sans vie, le corps ruisselant de sang. Ma sœur, Callia, était allongée sur le lit, complètement dévêtue. Son petit corps de porcelaine était parcouru d'hématomes et de contusions. Elle ne pouvait plus pleurer, ayant du déjà tarir toutes les larmes de son être. Sur un mur était écrit : Voilà tout ce que tu mérites chien. Jamais tu n'aurais du me ridiculiser.
Je savais très bien de qui il s'agissait. Le chef d'une bande de truands craints dans la ville. Je lui avais fait mordre la poussière sans attendre qu'il finisse de venter ses capacités. Pour se venger, il avait assassiné mes parents et abusé ma sœur. Je la pris avec moi et sortit en catastrophe de la maison pour la voir s'effondrer. Il allait le payer très cher. Il avait détruit ma vie et toutes les attaches que j'avais et il avait osé violer la pureté de ma sœur. Tandis que les larmes coulaient le long de mes joues, j'hurlais ma colère, les poings serrés. Les policiers ont put nous localiser grâce à une forte lumière dorée qui provenait de notre direction. J'ignorais bien entendu ce que c'était.
Avec ma sœur, nous fûmes conduit à l'orphelinat et adopté presque aussitôt. C'est là que ma vie à véritablement basculé. Lorsqu' elle partit d'un côté et moi de l'autre, avec vous. Avant, j'avais cependant réussi à retrouver l'assassin de ma famille et sa bande. Une fois de plus, je me surpris. La violence ne s'est guère emparée de moi. J'avais en tête que tout être humain avait le droit à sa chance et que, malgré tout, les sentences ne pouvaient être rendue par ses semblables. Je lui ai dit que si nos chemins se recroisaient à nouveaux, il devrait expier son crime et que mon poing serait l'instigateur de cette sentence sacrée. Une fois de plus, mon côté chevaleresque pris le dessus sur la violence. Heureusement d'ailleurs car je sais que mes colères sont assez violentes. Cependant, alors que je tournais les talons, ils se ruèrent sur moi, m'accablant de coups. Quand leur folie fut passée, ils cessèrent et rigolèrent en me contemplant, étendu dans une marre de sang. Dans un effort surhumain, je me relevai avec une volonté qui m'était jusqu'alors inconnu. Ils avaient échoué. Je ne pouvait plus rien leur pardonner et seul ma colère allait guider mes coups. C'est alors que, rapide comme l'éclair, j'exécuta ma sentence. L'odeur de leurs larmes mêlées à leur sang m'emplie encore les narines. Ils avaient goûtés au Shining Fist devraient sans doute réfléchir à l'avenir avant d'agir.

Et puis, je me suis retrouvé ici, à Mombasa, au Kenya. Depuis, je suis assez distant tout en essayant de rester vivable. Petit à petit, cette terre m'a guérie de mon chagrin. Je sais que mes parents me protègent et je veux qu'ils soient fiers de moi. Quand à Callia, je sais qu'un jour je la retrouverai et, qu'en attendant, je devrai encore accroître mon entraînement pour perfectionner ma technique…
Finalement, j'ai décidé de vous faire une confidence. Vous vous posez sûrement de multiples questions sur ma vie amoureuse. Eh bien, tout ce que je peux vous en dire, c'est que ce sont ces lieux qui m'ont vu, pour la première fois, tomber amoureux. Je suis tombé amoureux de cette terre, de cette immense culture, de ces paysages empreints de beauté et de magie, de ces habitants si accueillant…et surtout, mais vous l'aurez vite deviner, des lions. En effet, c'est avec eux que je suis entré en osmose. Gracieux sous la lumière, rapides comme l'éclair, majestueux comme le soleil, ils avaient tout les attributs divins et méritaient leur surnom de roi des animaux.. C'est d'ailleurs grâce à eux que j'ai perfectionné mon art. Je me suis entraîné à leur contact, j'ai énormément travaillé et je ne suis que pas peu fier du résultat. Le lion que je suivais tout le temps était vraiment beau. Il avait de grand yeux verts qui forçaient le respect chez n'importe qui. Sa prestance m'étonnait mais je savais son cœur pur comme la lumière. Je l'ai donc baptisé Apollon pour rendre hommage à mon enfance et par comparaison avec celui qui est l'astre du jour.
Il y a peu, j'ai ressenti une sensation étrange. Je m'entraînais dans les grandes plaines quand soudain, Apollon s'est approché de moi. Je ne savais guère comment réagir car je ne l'avais toujours observé que d'assez loin, ne voulant pas risquer un accident. Il restait malgré tout un animal sauvage contre lequel j'étais sûrement impuissant. Il s'est approché est s'est assis devant moi. Et puis, une chose indéfinissable s'est produite. Ce fut comme si…Comment dire ? Ce fut comme si le soleil avait explosé en moi. J'ai ressenti un déferlement de chaleur dans tout mon corps. Une onde de chaleur à parcourue tous mes organes, s'est imprégnée dans mes tissus. Elle possédait une telle pression…il fallait qu'elle jaillisse, qu'elle explose. Je l'ai expulsée (j'ignore comment d'ailleurs…) et une aura dorée est venue se former autour de moi. Alors, Apollon s'est approché encore plus jusqu'à être à mon contact. Il s'est frotté contre moi tandis qu'une voix résonnait dans ma tête. Une fois à la fois douce et autoritaire. Une voix emplie de tristesse.

Adonis, je t'ai choisi pour que tu deviennes mon successeur.
Moi, Aiolia, chevalier d'Or de la constellation du Lion, protecteur d'Athéna vais bientôt quitter cette terre.
Il t'incombera de la protéger à ma place car tel est ton destin.
La puissance que tu ressens n'est rien d'autre que ton cosmos qui s'est éveillé.
Lors que le moment sera venu, je reprendrai contact avec toi. D'ici la, adieux.

Encore aujourd'hui, j'ignore comment je dois interpréter cela. Le fait est que, depuis, Apollon et moi sommes devenus inséparables. Au delà de la simple amitié, je partage avec ce lion un sentiment infiniment plus fort.. C'est comme s'il était une partie de moi. Nous ne formons qu'un…serait-ce cela que l'on appelle le cœur des Lions ? Serait-ce cela l'explication ? Je l'ignore mais je le constate.

En effet, le sorcier d'une tribu de guerriers que j'ai souvent rencontré dans son village m'a dit un jour :

- Adonis, ton essence est différente de celle des autres étrangers…elle ne peut être comparée qu'a une seule chose : à celle d'un Lion. Elle déborde d'énergie, de rage, de fureur tout en restant douce et impériale.

Je n'y avais bien sur pas prêté attention sur le moment mais, avec les événements de ces derniers temps, je dois bien avouer que cela me trouble. Je suis donc retourné le voir il y a quelques jours afin de m'entretenir avec lui. Et là, bizarrement, tout s'est éclairci. Voilà en gros ce qui s'est passé.

Il se nommait Dajan. Il savait que je reviendrai le voir et avait tout préparé. Il connaissait aussi toutes les questions que j'allais lui poser. Etrange. Il m'a conté des histoires et autres légendes portées sur cet animal mythique. A chaque fois, un jeune garçon apparaissait et jouait souvent le même rôle. On parlait de lui comme étant le garçon à la crinière de feu et au regard de braise. On le décrivait comme un lion devenu humain. Pourquoi ?

- Adonis, ne crois-tu pas en les choses que tu ne vois pas, que tu ne comprends pas ?

Cette question m'a fait réfléchir…c'est vrai qu'il est difficile de prêter foi aux choses invisibles, aux légendes…
Je suis resté chez lui alors que le soleil allé se coucher. Il m'a alors emmené dehors, dans un endroit que je ne connaissais pas. Il l'appelait la source de vie. Il s'agissait d'une petite marre d'eau entourée de végétation luxuriante et habitait par de multiples lions. Il m'a demandé d'observer non pas avec mes yeux mais avec mon cœur. Un lion était là, en train de laper délicatement l'eau cristalline de la source. Une lionne s'est approché à l'autre bout et a commencé à boire. Les deux s'étaient un instant regardé et avaient recommencé à boire. Cependant, il était indéniable que leur attitude avait changée. Je ne saurais pas dire en quoi mais je le sentais.
Dajan m'a alors demandé ce que pensaient les deux lions. Comment aurais-je pu le savoir ? Je ne comprenais guère ce qu'il attendait de moi quand soudain quelques lumières multicolores se mirent à tournoyer dans le ciel. Elles étaient des dizaines, non des centaines, des milliers. Que se passait-il ?
Un mot traversa alors mon esprit

Tristesse

Tristesse ? Mais quoi ? qui ? Je ne comprenais vraiment pas.

Amour

Un deuxième mot résonna alors dans ma tête. Amour !?
Décidément, je ne comprenais pas ce qu'il se passait.

- Que ressentent-ils Adonis, dis-moi ? me répéta Dajan
- Le lion semble triste. Quand à la lionne, je perçoit un sentiment d'amour…mais c'est idiot car…
- Tu commences à comprendre mon enfant. Maintenant, dis-moi tout ce que tu peux ressentir ?

C'est alors qu'une chaleur immense m'envahie. Petit à petit, elle emplissait mon corps, mes membres…J'étais bien. J'aurais voulu pouvoir bouger mais…impossible. Je n'arrivais pas à détacher mon regard de ce lion.

Puis, soudain, des images, des sensations, des émotions me vrillèrent le cerveau. Je pouvais ressentir une profonde tristesse. Non, plus que ça…de la douleur. Oui, la même que j'avais connue durant mon enfance. La douleur de perdre des êtres chers. Je pouvais aussi percevoir de l'inquiétude et de la peur face à un sentiment nouveau. L'attirance.
Je comprenais mieux maintenant. Le lion était triste d'avoir perdu ses parents et ses frères. De plus, il était attiré par la lionne qui partageait le même sentiment mais était incapable de faire quoi que ce soit. Voilà pourquoi ses pattes tremblaient légèrement. Voilà pourquoi il s'était mis à cligner des yeux et à laper plus vite. Voilà pourquoi sa queue était devenue immobile…
Incroyable. J'étais parvenue clairement à percevoir les émotions d'un lion et à pouvoir les interpréter. Mais comment ?

C'est à ce moment que j'aperçu encore une fois l'aura dorée m'envelopper, danser au rythme des milliers de lumières. A ce moment, mon corps et mon âme étaient en parfaite harmonie. Je me sentais bien. Je tournais la tête pour voir la réaction de Dajan mais, à ma grande surprise, il n'était plus là.
Je me suis subséquemment rendu au village où il résidait mais, il n'était pas la….Sur la table de ce que je croyais être sa case, j'ai trouvé un papier écrit à mon attention.

Adonis,
Tu t'es enfin éveillé et a pu trouver toi même les réponses à tes questions. Tu es enfin parvenu à ne faire qu'un avec l'animal de lumière. Désormais, ce seras toi le nouvel enfant-soleil. La façon de le savoir se distingue tout de suite. Tu le savais en écoutant mes histoires et mes légendes. Le garçon à la chevelure de feu et aux yeux de braise, c'était à chaque fois des gens comme toi. C'est pour cela que chez toi, tous ces attributs sont dorés. Une dernière chose. L'homme qui t'a appris tout ce que tu savais n'était autre que ton prédécesseur. Quand à moi, j'étais simplement l'esprit du Soleil.

Ces mots me laissèrent perplexe mais alors que je voulu les regarder à nouveaux, ils avait disparu, s'effaçant sous les insatiables élans du temps.. Dehors, quand je demandai aux gens de la tribu où se trouvait Dajan, on me répondit qu'il n'y avait personne de ce nom là mais que par contre, Dajan était l'appellation donnée à une voix légendaire servant d'intermédiaire entre les mortelles et le soleil lui même.
Voilà.

Pour finir, la voix dans ma tête m'avait encore frappée. Ce fut cette nuit.

Adonis, comme promis, je reviens te voir.
Le temps est désormais venu pour toi de te rendre à Athènes et de prendre ma place.
Je gage que nous nous rencontrerons bientôt.
En attendant, la vie de ma Déesse est entre tes mains.
Courage chevalier…

Tout le récit de ma vie tient sur ces quelques lignes. Sans doute me trouverez fou de vouloir écouter cette voix et de partir en Grèce mais je le dois. Je suis sûr d'y découvrir la clef de mon destin ainsi que de retrouver ma sœur. Je le sens. Je vous remercie donc de m'avoir élevé de la façon dont vous l'avez fait et de m'avoir aimé. Jamais je ne vous oublierez et vous resterez à jamais mes parents mais le temps est venu pour moi de prendre ma vie en main. Je vous embrasse et vous remercie de tout mon cœur.

Adonis.

Il se releva et passa une main dans ses cheveux. Il desserra le bandeau qu'il portait et enveloppa les tas de feuilles avec. Il tourna la tête vers Apollon qui s'était couché pour profiter de la lumière. Il pris un sac qui contenait toutes ses affaires et replaça la lettre dans sa poche.

- J'ai juste de quoi me payer un billet d'avion et subsister pendant quelques jours, souffla-t-il, on verra bien. Apollon, il ne me reste plus qu'à déposer cette lettre et je pourrais partir. Seulement toi, tu devras rester ici.

Le lion se redressa et grogna. Ses yeux verts semblaient s'être ternis.

- Je sais que tu veux venir avec moi mais tu ne peux pas. Ne t'en fais pas, dés que j'aurais découvert ce que je cherche, je reviendrai te chercher. Je te le promet. Jamais je ne t'abandonnerai car n'oublis pas, toi et moi, nous somme un.

Des tam-tam retentissait tandis que des guerriers aux visages peints chantaient. Le soleil brillait intensément dans le ciel d'Afrique. Adonis se dirigeait vers Mombassa, là où il pourrait prendre son avion pour la Grèce. Il réfléchissait tandis que la lumière lui caressait la peau.

- Je sais quelle est cette musique…je m'en souviens ! Il s'agit du chant annonçant l'avènement du roi-soleil et la naissance de son fils.

Un sourire se illumina ses lèvres tandis qu'il s'était arrêté pour regarder une dernière fois derrière lui. Une légère brise vint faire danser les quelques mèches éparses obstruant son visage. Puis, il repartit en laissant ces quelques mots glisser dans les aires et se perdre dans ces lointaines contrées. Elle parvinrent sans doute aux oreilles d'un lion, trônant sur un rocher et attendant patiemment le retour d'un ami.
Je suis Adonis, l'homme aux crocs de lumière.

de Saint Aiola



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Ce chapitre est copyright Julien Verdon.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.