Callia, chevalier d'Or du Cancer
Fleur de Beauté et d'Innocence

Callia :

Allongée sur le parvis de la quatrième maison du Zodiaque, j'observais le ciel étoilé, mes longs cheveux roses pâles répandus autour de moi. J'aimais tellement ce moment, où rien ne semblait pouvoir m'atteindre. Un vrai rêve. Pas comme mes nuits, agitées et remplient de cauchemars depuis plusieurs années. Mais ce soir, je sais que je dormirais paisiblement, car il est là, près de moi. Adonis. Mon frère. L'homme que j'ai toujours admiré dans le secret de mon cœur. Mon modèle en quelques sortes. Je l'avais enfin retrouver…
Curieusement, mes pensées s'en allèrent dans les limbes de ma mémoire, ressassant encore tous les événements qui nous avait amené à devenir chevalier. Redécouvrir mon destin au travers des souvenirs…ne plus garder pour moi cette souffrance. Résolument, je me levais et rejoignait mes appartements. Je me jetais sur mon lit, saisi un carnet et un crayon, et lentement me mit à écrire…me mit à déverser l'essence même de mon âme et de ma mémoire dans ces lignes. Ces lignes que personne ne lira jamais…mais malgré tout, ça me fait du bien de me confier, n'est ce qu'à ce morceau de papier.

Mon prénom, je le dois à une incroyable attirance pour la mythologie de la part de mes parents. Callia , qui signifie belle en grec. Mes parents semblent l'avoir bien choisi, car les gens prétendent que ce nom me va à la perfection. Peut-être ont-ils raison…Je naquis à Delphes, en Grèce. Je garde de cette ville un souvenir impérissable, car il est pour moi le synonyme d'un bonheur absolu, d'une famille unie et heureuse, vivant dans l'insouciante de l'existence…et également celui d'une vie brisée.
Enfant, je n'avais d'yeux que pour Adonis, mon frère aîné. C'était quelqu'un de loyal, d'honnête et de volontaire. Trop peut-être. Il passait son temps à me protéger, et même à me surprotéger, de la même façon que nos parents. Parfois, cette protection constante m'énervait, mais je ne leur en voulais jamais, car je comprenais parfaitement leur affection pour moi, la benjamine de la famille. Et c'était moi qui, parfois, prenait soin de toute la famille, m'arrangeant pour aider ma mère ou mon père à tour de rôle. Malgré mon jeune âge, j'essayais toujours de me rendre utile. Et quand je me montrais volontaire pour accomplir une corvée trop dur pour moi, ma mère me gratifiait d'un sourire et m'ébouriffait gentiment les cheveux en me disant que j'étais adorable mais que ce n'était pas à moi de le faire.
Nous étions extrêmement pauvres, et vivions dans des conditions plus que précaires. Au yeux du monde, s'en était presque scandaleux. Il avait fallut à de nombreuses reprises nous serrait la ceinture et sauter un repas. Mes parents s'acharner au travail pour nous nourrir mon frère et moi, et lui passait son temps à faire de petits boulots pour les aider. Tout ce qu'ils faisaient me toucher profondément. C'était pour moi la preuve même de la bonté des hommes, la preuve de leur affection les uns envers les autres.

Mais tout cela prit fin de manière abrupte. Tout commença quand Adonis se mit à faire des combats de rues, ces combats illégaux où des hommes présentaient leurs champions et les récompensaient d'une partie des bénéfices. Ces combats si dangereux… Je savais que si mon frère le faisait, c'était pour nous aider à mieux vivre financièrement, mais mes parents et moi ne pouvions pas nous empêcher de craindre le pire pour lui, et ils firent tout pour le faire arrêter. Moi même, j'aurai voulu le faire, mais…je ne me sentais pas capable de le convaincre d'abandonner. Je ne l'ai jamais été. Les efforts de nos parents devinrent presque constants. Mais il n'eut rien à faire. Mon frère était parfois si borné…mais surtout, il avait besoin de ça pour vivre. Il aimait épauler les autres, et ce même au profit de sa propre vie. Combien de fois ne l'ai-je pas vu rentrer chez nous, le corps couvert de plaies et le visage en sang ? Mes larmes coulaient le long de mes joues, sans que je puisse les retenir, alors que je pansais ses plaies béantes. J'avais chaque jours un peu plus peur pour lui, comme si les rôles avaient été inversés, comme si ça avait été moi l'aîné tentant de protéger son cadet.
Oh, Adonis, comprenais-tu tout ce que nous endurions en notre âme et conscience ? Comprenais-tu cette inquiétude quasi-permanente que nous avions vis à vis de toi ? Chaque jour, nous nous demandions si tu allais nous revenir. Notre plus grande crainte était de ne pas te voir revenir le soir, de voir arriver quelqu'un nous annonçant que tu étais gravement blessé, ou même pire…Aujourd'hui encore, j'en frissonne rien qu'à y penser.
Et c'est là qu'arriva le drame. Un soir on nous attendions son retour avec plus d'impatience qu'à l'ordinaire, des chocs violents à la porte nous firent sursauter. Au bout de quelques minutes, la porte fut enfoncer. Ma mère cria. Ce fut la dernière fois que je t'entendis. Un homme s'approcha vivement d'elle et lui trancha la gorge avec un poignard, tandis que cinq ou six hommes se mettaient à rouer mon père de coups de pieds, avant de commencer à lui découper la peau, de le dépecer. Je ne pus retenir le cri d'horreur qui me monta aux lèvres en voyant le corps presque exsangue de ma mère, en entendant les râles d'agonie de mon père dont le corps n'était plus qu'une immense plaie à vif…Mais l'horreur ne devait pas s'arrêter là. Pas pour moi…

Un homme s'approcha de moi, et pendant un instant, je crus que moi aussi j'allais mourir. Mais ce qu'ils me firent fut bien pire. Il me…Je ne peux retenir mes pleurs, même aujourd'hui. Cet homme qui détruisit ma vie. Il haïssait mon frère. Il se vengeais sur nous par lâcheté, par peur de s'en prendre directement à lui. Je n'oublierais jamais ce qu'il m'a dit. Ses mots resterons graver en moi pour l'éternité, plus douloureuses, plus brutale que jamais une attaque ennemie de le sera. Je ne les répéterais pas ici, par acquis de conscience au cas où ce carnet tomberais entre de mauvaises mains.
L'homme me jeta à terre, puis me toisât du regard pendant quelques instants. Terrifié, je reculais jusqu'à ce que je sois acculée au mur. Je les entendais rire. Je voyais leurs sourires sadiques et pervers. Je commençais alors à réaliser ce qu'ils me voulaient, et je priais pour qu'un miracle arrive, pour que quelqu'un me sauve, m'emmène loin de ce cauchemar. Mais ce miracle tant attendu ne se produisit pas. Un homme déchira mes vêtements. Je me mis à hurler et à me débattre vainement. Furieux, les hommes commencèrent à me battre, à m'insulter et à me menacer. Bientôt, je m'écroulais au sol, incapable de bouger, à peine consciente et incapable d'appeler à l'aide. Un homme me porta sur mon lit, et mon martyre commença. Je me souviendrais éternellement de cette douleur qui parcourait tout mon corps, du sang se répandant sur les draps, comme de ce liquide blanc, de ces rires cruels, de ces caresses insidieuses qu'ils me faisaient, de ces cris de jouissance qui me parvenaient aux oreilles…Pourquoi, seigneur ? Pourquoi avez-vous permit cela ? J'avais mal, j'étais terrorisée. Ce supplice dura longtemps, alors que mes larmes roulaient silencieusement sur mes joues, puis finir par s'arrêter, comme si mon corps n'en contenait plus. Quand ils eurent finis, ils partirent, mais avant, ils enflammèrent les rideaux. Et moi, choquée, brisée intérieurement, je ne bougeais pas d'un pouce, me condamnant à périr dans l'incendie qui ravageait notre maison.

Une heure après, Adonis rentra. Il me tira du brasier juste avant que la maison ne s'écroule. J'aurais sans doute dut le remercier. Il avait risqué sa vie pour moi. Mais, égoïstement, je pensais qu'il aurait mieux fait de me laisser mourir. Aujourd'hui, j'ai honte de cette pensée, car je sais pertinemment que j'étais tout ce qui lui rester, mais je ne réalisais pas tout cela à l'époque. Adonis…
Je n'ai jamais vraiment compris ce qui c'était passé par la suite. Je n'ai que le vague souvenir d'un hurlement de colère et d'une forte lueur dorée. Puis celui de sirènes de police.

Quelques jours après, nous nous retrouvions dans un orphelinat, et nous fûmes vite adoptés par des familles différentes. Mais je n'y pris pas garde, même si la présence rassurante de mon aîné me manquer. J'étais alors repliée sur moi-même, dans un monde cauchemardesque ou rien d'autres que les hommes qui avaient abusés de moi ne se trouvaient. Mes nuits étaient agitées, je dormais à peine trois ou quatre heures d'affilé, et je parlais si peu qu'on aurait put me croire muette. Cet état ne fit qu'accroître l'inquiétude de ma famille adoptive à mon égard, et il décidèrent de retourner chez eux en Sicile, à Palerme, espérant que le fait d'être loin de cet endroit qui avait détruit mon existence m'aiderais à surmonter cet état de nerfs. Et ils y réussirent en parti.
J'ai beaucoup apprécier ce pays. Palerme se trouve sur la côte nord-ouest de l'île, près de la mer Tyrrhénienne. Elle est située au fond d'un large golfe dominé par le mont Pellegrino . Il s'agit de la ville la plus importante de la Sicile et également de son port principal. Nombre des plus vieux bâtiments de la ville datent de l'époque où la Sicile était encore un royaume normand. On peut aussi y voir des traces des influences arabes et byzantines, notamment dans la cathédrale, la chapelle Palatine et l'église de San Giovanni degli Eremiti .
Un véritable petit paradis sur Terre.

Mais plus le temps passait, et plus Adonis me manquait. Je passais des journées entières sur la plage, a rêvé de sa présence, de nos jeux,…Tous ces liens qui unissaient un frère et une sœur. Une mélancolie sans égale au monde écrasait mon cœur et mon âme, et j'avais l'impression que seule la tristesse rythmer d'ors et déjà ma vie. Adonis me manquais cruellement. Et il devait s'inquiéter pour moi. Mais moi, j'en avais assez, je ne voulais plus être un fardeau pour les autres, je voulais moi aussi aider et soutenir les autres. Ma mère prétendait que mon bon cœur me perdrait, que j'étais telle une fleur de pureté et d'innocence dans un monde de violence qui n'était pas fait pour moi. Mais ça m'était égal. Ce jour là, face à la mer aux teintes sanglantes et au soleil se couchant dans ses eaux, je fis la promesse solennelle de devenir aussi forte que mon frère, même si pour cela je devais perdre la vie, et retrouver mon frère, cette unique lueur d'espoir dans mon monde de ténèbres.

Au fil du temps, je m'initiais à toutes sortes de sports, tels les arts martiaux et la natation. J'y mettais tout mon cœur, voulant à tout prix devenir plus forte. Je me défendais bien, et je surpassais bien des garçons dans ces disciplines. Je devenais moi-même un modèle pour les autres. Je trouvais cette situation ironique, car après tout, ne cherchais-je pas moi-même à égaler un modèle ?
Ma vie changea encore de cours récemment. Je n'y avais jamais vraiment fait attention autrefois, mais au cours des années, ma croissance, la pratique intensive du sport, associé à mon charme naturel, faisait de moi une femme magnifique. Je faisais en cela honneur à mon prénom. J'étais belle, et je n'avais pas à le cacher. Seulement, ce type de beauté et parfois dangereux pour celui qui le possède. J'en fis bientôt la malheureuse expérience.
Comme je l'ai déjà cité précédemment, j'étais belle, et ce charme attisa au cœur des jeunes hommes de mon lycée une convoitise sans pareille. Tous voulaient de moi comme petite amie, et était près à tous pour ça. Je déclinais, malheureusement pour eux, toutes leurs demandes et leurs invitations, ne me sentant pas prête pour ce genre de relation, et gardant encore un triste souvenir de mon passé. Si certains ne m'en tenaient pas rigueur, d'autres virent leur amour pour moi se changer inexorablement en haine et tenaient à me faire payer mon refus, quelques en soit les conséquences.

Jamais je n'oublierais ce jour.

Une éclipse masquait le soleil. Dans les rues, les gens la regardaient, certains avec calme qu'on aurait put qualifier d'olympien, d'autres avec une panique et un effroi à peine contenu. Moi, je ne m'en inquiété pas trop. Pas pour moi, du moins, mais plutôt pour ma famille adoptive. Elle avait des enfants en bas âge, et j'imaginais parfaitement leur frayeur face à ce phénomène. Mon entraînement de karaté avait pris fin peu avant, et au lieu de flâner dans les rues comme j'en avais l'habitude, je pris directement le chemin de chez moi. Au début, le trajet se passa sans encombres, jusqu'à ce que j'arrive dans une partie de la ville dans laquelle je n'aimais guère m'aventurer. Seulement, c'étais le chemin le plus direct vers chez moi. Surmontant un mauvais pressentiment qui m'animais, je m'engageais dans une des ruelles. J'avançais prudemment, ne sachant pas trop à quoi m'attendre. Pourtant, j'aurais dut le savoir, j'aurais dut écouter cette petite voix intérieure qui me disait de me méfier, de ne pas y aller.

Arriver au milieu de la ruelle, j'eu la… « surprise » de voir trois des garçon de mon lycée me barrer le chemin. Peu désireuse de devoir me battre contre eux, je voulus rebrousser chemin, mais deux de leurs amis venaient de déboucher derrière moi, me bloquant toutes possibilités de fuite. Lentement, ils se mirent à avancer dans ma direction. Poussant un soupir profond, je me mis en position de combat, résolue à me battre puisqu'ils ne semblaient pas vouloir me laisser d'autres alternatives.
Et la lutte commença. Ce fut comme un ballet mortel. Coups, esquives, parades, sauts se succédaient à une vitesse vertigineuse, mais curieusement, les coups me semblaient d'une lenteur abominable. Mais ce n'est pas ça qui m'empêcha de me faire avoir. Dès le début du combat, j'avais envoyer deux de mes adversaires à terre. Ces deux derniers, au lieu de venir reprendre le combat, me contournèrent et alors que je m'y attendais le moins, ils me saisirent les bras, m'immobilisant totalement.
A présent, mes agresseurs me regardaient d'une étrange façon, avec dans les yeux une lueur que je n'avais jamais rencontré qu'une seule fois dans ma vie. Le jour où mon innocence fut bafoué et perdu à tout jamais. Eux aussi…eux aussi voulaient me…réalisant brusquement toute l'horreur de cette situation, je me mis à me débattre férocement, mais réalisant mon impuissance, je fermais les yeux, suppliant intérieurement un providentiel sauveur. Un sauveur qui me répondit.

- Tu peux les battre, tu en es capable, jeune fille.

Je me figeais. J'entendais cette voix en moi, insistante, étrangère,…et pourtant si familière.

- N'ais pas peur, enfant. Laisse tes doutes et tes craintes de côtés. Il n'y a pas de pace pour eux dans ce combat.

Indifférente au reste du monde, je me reposais sur cette voix. J'avais l'impression que je puisais en elle une mystérieuse force

- Trouve en toi la force, enfant. Enflamme ta vie, enflamme l'essence même de ton âme. Augmente la à l'infini… l'infini… l'infini… Pour que naisse en toi le cosmos !

Je rouvris les yeux brusquement. Et je me mis à crier. Un feu intérieur brûlait en moi, me dévorant, consumant mon âme dans les flammes d'une puissance naissante. Et je me mis à crier.

- Pour que naisse en moi le cosmos !

Alors l'impossible arriva. Une vive lueur dorée m'entoura, comme autrefois mon frère. Une décharge d'énergie envoya mes agresseurs s'encastrer dans les murs. Mais je n'y pris pas garde. Mes yeux étaient fixés sur l'éclipse. En moi retentissez une étrange mélopée, comme un appel mystérieux m'invitant à rejoindre un autre destin. Le soleil réapparut bientôt. Alors je me mis à marcher, longtemps, jusqu'à ce que j'atteigne la plage. L'aura dorée m'entourait toujours. Je m'assis sur le sable, fixant intensément l'Océan. Le ciel s'obscurcit peu à peu. Les étoiles se mirent à briller. Intimidée, je levais les yeux vers le ciel, à la recherche de ma constellation. Le Cancer. Comme j'aimais observé les étoiles autrefois le soir, quand Adonis était à mes côtés. Je considérais naïvement ce groupe d'étoiles comme un être vivant qui pouvait me comprendre.
Et tout en fixant cette constellation, cette amie de toujours, je me mis à réfléchir à ce qu'avait été ma vie jusqu'à présent, à cette existence qui ne me convenait guère. Je pris alors la plus grande décision de mon existence.

Le lendemain, je quittais la Sicile et cette vie insouciante pour embrasser un nouveau destin et une nouvelle existence : celle de chevalier de l'ombre, luttant pour la sauvegarde de la Terre, celle de chevalier du Zodiaque.


***


Callia releva la tête de son carnet. Un moment, elle demeura ainsi le stylo levé, les yeux dans le vague. Puis elle inscrivit une dernière phrase.
A celui qui m'a montré la voie à suivre, celui qui m'a aidé à découvrir le cosmos, celui grâce a qui j'ai retrouvé mon cher frère ,mon providentiel sauveur et celui qui m'a jugé digne de sa confiance ainsi que de sa succession: Masque de Mort, chevalier d'or du signe du Cancer.

Merci.

A jamais reconnaissante.

Callia , fleur de pureté et d'innocence.

de Polymnie



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Ce chapitre est copyright Florence Roeckens.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.