Nadja, Chevalier d'Or du Verseau
Un Diamant sous de l'Or

Quel magnifique élément qu’est l’eau. Le seul sur terre à se trouver sous les trois états : liquide, solide et gazeux. Grâce, en partie évidemment, à qui l’apparition de la vie sur Terre à pu être rendue possible, étouffant ce brasier qu’était alors la planète il y a des milliards d’années. Elle compose aujourd’hui soixante dix pour cents de la Terre comme de notre corps. Elle est présente partout, elle fait partie intégrante de notre univers pour ne pas dire qu’elle est l’univers.
Nadja adorait plus que tout autre chose étudier cet élément, cette molécule si simple et pourtant si compliquée. Comme d’ordinaire, le vendredi, elle terminait les cours à la fac. Après une semaine éprouvante mais non dénuée d’intérêt, elle s’accordait quelques moments de répit bien méritées.

Le soleil dominait, comme souvent, le ciel transalpin. Ses chauds rayons se plaisaient à déambuler dans les rues agitées des villes, à dévaler les étendues d’herbes harmonieusement vallonnées, rouler sur la surface huileuse de la mer méditerranée. Une atmosphère de vacance planait sur la cité de Naples ; La ville arborait doucement les couleurs vert blanc et rouge, les bars se remplissaient rapidement, les restaurants étaient pris d’assaut, croulant sous les demandes de réservations tandis que, paradoxalement, le campus se vidait. L’Italie était vraiment le pays de la joie de vivre, de l’artifice humain…
Nadja se promenait, elle aussi, dans ce fleuve humain avec une expression de sérénité qui ne pouvait masquer un certain état d’excitation. En effet, demain, elle allait enfin pouvoir concrétiser son plus grand rêve. Ses excellents résultats durant son cursus, bien qu’inachevé, avaient attiré sur elle les regards de grands scientifiques et plus particulièrement d’un certain Markov Patrovesky, un grand spécialiste de l’hydrobiologie, au sens large. En accord avec son maître de doctorat, elle allait pouvoir le rejoindre et intégrer son laboratoire durant un stage, sur l’île de Saint Laurent, à l’Ouest du Canada. Quelle satisfaction. Elle allait pouvoir, de surcroît, rendre visite à ses parents, venus exprès de Finlande pour la féliciter.
D’ailleurs, cette face cachée de la vie de la jeune femme se devinait à travers son physique chimérique. Son père était Finlandais, né tout comme elle à Helsinki, tandis que sa mère était Italienne et originaire de la ville de Naples. De ce fait, elle possédait le physique atypique des italiennes mais l’accent et les traits de son pays d’origine. Ses longs cheveux d’un magnifique bleu nuit tombaient en cascade le long de son dos, légèrement cambré. De larges yeux mauves illuminaient son visage ce qui le rendait pareil à celui de sa génitrice. Sa peau était de couleur cristal, héritage glorieux de ses ancêtres nordiques, bien que plus bronzée que la normale puisque résidant la plupart du temps sous un ardent soleil. Sa grande taille trahissait également sa provenance mais elle en était fière plus qu’autre chose.
Nadja se frayait donc difficilement un chemin sur l’avenue principale. En faisant fi du bruit environnant, on pouvait l’entendre murmurer une douce mélodie de là-bas.

Que confuzione, Sara perche ti amo…

- Eh Najda ! Tu viens avec nous, on va rejoindre Angelo et Francesco sur le port, siffla une fille aux cheveux bruns, faisant s’interrompre la chanson.
- Euh, tu sais Angelina…, commença Nadja, se retourna pour regarder son interlocutrice tout en cherchant une excuse pour pouvoir se replonger dans ses bouquins.
- Il n’y a pas de mais, répliqua une deuxième, tu viens avec nous.
- Oui, reprit la première, Anna à raison et puis, tu travailles assez. Viens t’amuser un peu, ça te fera le plus grand bien.

Elles avaient raison, bien sûr. Demain, elle allait partir pendant trois mois et ne verrait plus ses amis. Elle passa une main dans ses cheveux pour débarrasser son visage de quelques mèches rebelles avant d’accepter la proposition de ses amies. Elle avait toujours fait fi de la différence d’âge qui existait entre elle et ses compagnons et, avait tout fait pour entretenir de solides relations. Ils avaient cinq à six ans de plus ; c'était la conséquence de sa facilité à enchaîner les années scolaires. Se retrouver en doctorat à l’age de vingt et un an, ce n’était pas donné à tout le monde pour ne pas dire à personne.
Les trois amies partirent donc en courant vers leur rendez-vous tandis que cette atmosphère de fête allait crescendo.

E una cansone, Sara perche ti amo…

La glorieuse chanson de Ricchi et Poweri, l’hymne nationale de cette joyeuse bande de demoiselles, résonnait de plus bel entre les murs crépi de la belle ville.


2 semaines plus tard, sur l’île de Saint-Laurent

- Tu as compris Nadja, tu mets ta solution dans l’ampoule à décanter et, en attendant, tu continues l’autre réaction en ne perdant pas des yeux l’avancement de la réaction.
- Oui, Docteur Patrovesky, je m’en occupe tout de suite.

L’homme, visiblement âgé d’une soixantaine d’année, vêtu d’une longue blouse blanche comme l’éminence scientifique du monde, se dirigea vers la porte pour rejoindre une annexe du complexe de recherche. Il la laissa donc seule dans cette immense laboratoire peuplé d’appareils tous plus complexes les uns que les autres.
Nadja n’avait pas perdu une seconde. Elle s’était déjà tournée vers le tableau et, avec une craie, avait commencé à poser quelques calculs.
Elle apprenait, à la grande joie de son supérieur, très vite et avait déjà démontré sa grande compétence scientifique. Elle se trouvait actuellement dans le département d’analyse et de recherche chimique sur l’eau et ses différents dérivés.
Elle travaillait présentement sur la notion de zéro absolue, température à laquelle toute activée atomique était réduite à la non existence. Le soir, elle en profitait pour naviguer sur la gigantesque bibliothèque virtuelle du complexe. Cette nouvelle vie lui plaisait, elle se sentait bien même si, bien sûr, ses amis lui manquaient.

Ce soir là, une tempête de neige s’était levée et tout le monde avait pour ordre de ne pas sortir avant autorisation. Effectuant toujours ses recherches, après une dure journée, elle tomba sur une série de documents vidéos protégés par quelques caméras de sécurité mais ne présentant guère de difficulté à pirater. Elle les décrypta avant de les encoder pour pouvoir les visionner. Ils étaient intitulés « Le zéro absolu » et, devaient donc être potentiellement instructifs.
Sur le premier, on pouvait voir un homme, aux long cheveux foncés expliquer quelque chose à deux enfants. Ils se trouvaient dehors, vêtu légèrement tandis que la température devait avoisiner les moins dix degrés. L’homme tenait une pierre dans la paume de sa main. Une sorte de condensation se fit autour de lui…Puis, la pierre se disloqua, complètement gelée.

- Mais, lâcha Nadja, c’est impossible ! Comment ?!?

Sa surprise n’était pas encore passée que deuxième bande vidéo se déclencha. Un jeune homme, blond, se tenait devant un glacier aux neiges éternelles, toujours légèrement vêtu. Derrière lui se trouvait un jeune garçon emmitouflé dans un anorak gris. Soudain, la glace sembla se sublimer et envelopper l’adolescent qui se tenait dans une posture étrange. Il déversa un gigantesque rayon de glace sur le glacier qui se fendit avant d’éclater. Puis, la caméra sembla se briser car l’image sauta avant de s’interrompre.

- Non mais qu’est-ce qu’il se passe ? C’est quoi ces vidéos ?!?

Puis, comme précédemment, une nouvelle bande se mis en route. Toujours ce même jeune homme blond qui cette fois-ce fit un trou dans la glace, avec son propre poing, d’une dizaine de mètres de profondeur. Puis, il plongea dans l’eau glacée. Lorsqu’il remonta, une bonne dizaine de minutes s’étaient écoulées.

- Je dois rêver ! C’est impossible…

Elle se dépêcha de chercher la date et de vérifier la justesse des enregistrements afin de s’assurer être en présence de documents inédits. Il n’y avait aucun doute possible. Ils dataient du mois d’Août dernier et avaient été tournés par un chercheur parti faire des prélèvements en Sibérie…
Loin de perdre son sang froid, même si elle n’en était pas loin, elle se mit à sauvegarder les fichiers vidéos sur son compte avant de rejoindre ses quartiers. Comme ça, elle allait pouvoir les étudier complètement et librement.


Quelques jours plus tard

- Bien, reprenons un peu tout cela pour voir…

Concernant le premier fichier : La seule explication rationnelle s’établissait par le fait pour briser un matériau par le froid, sans chocs, et le réduire en miettes, il fallait pouvoir arrêter son mouvement atomique, c’est à dire égaler une température de –273,15°C.
Pour la deuxième, il y a plusieurs choses. Tout d’abord, pour que la glace puisse se sublimer toujours en présence d’eau, il fallait pouvoir atteindre le point critique de la molécule. Ensuite, pour arriver à détériorer un glacier de neige éternelle, il était nécessaire d’envoyer un froid plus intense que le propre froid du glacier c’est à dire, au moins –150°C du fait de sa brusque implosion.
Pour ce qui est de la troisième bande, la force exercée sur dix mètres de glace pour la pulvériser devait nécessairement, encore une fois, être à base d’un froid très intense. Ensuite, l’homme est impossible de tenir dix minutes et quarante trois secondes en apnée, légèrement vêtue dans une eau à –10°C.
De plus dans ces trois cas, la chaleur latente molaire à dépenser est énorme et le corps humain ne dispose pas de telles réserves…

- Comment cela est-il possible ? Comment un homme, de quelque constitution soit-il, peut-il manipuler aussi bien les différents états de l’eau ?

Elle jeta alors les yeux sur le diagramme simpliste des changements d’état qu’elle venait de griffonner.

Solide -> Vapeur -> Liquide -> Solide -> Liquide -> Vapeur -> Solide

Sublimation Liquéfaction Solidification Fusion Vaporisation Condensation

Elle saisit alors un crayon déjà usé par les efforts et se lança dans des calculs d’une grande complexité par l’intermédiaire de la formule de Clapeyron soit L12 = T(Vm2-Vm1) * dP/dT en sifflotant une autre chanson italienne.
Laura non c’e…

Plus tard, dans la nuit, elle enchaînait les expériences, les préparations utilisant toute la connaissance et la technique de l’Homme et du centre pour cela.
Après une semaine de recherche intense, épaulée en cela par le docteur, décidément conquis par ce jeune génie, elle commença enfin à obtenir des résultats intéressants et surtout exploitables. Puis, vint le moment où elle jubila en lançant à haute voix dans le laboratoire la phrase qu’un savant grec très connu avait lancée dans sa baignoire :

- Eurêka ! J’ai compris !
- Que se passe-t-il Nadja, lui demanda alors le vieil homme, surpris, qu’as tu compris ?
- Je sais exactement ce qu’il s’est produit mais je crains de ne pouvoir le conjuguer avec rationalisme…
- Je t’écoute…
- Bien, sur le premier enregistrement, l’homme à effectivement utilisé le zéro absolue pour désintégrer cette pierre. Quant à la condensation qui flottait autour de lui, elle traduit l’unique effort qu’il a accompli. Cependant, d’après mes calculs, cette condensation était, en réalité, un dégagement de chaleur sous forme de froid…
- Pardon ?
- Oui, en fait, un dégagement de chaleur retombant en froid. Je vous explique, lorsque l’on fait brûler quelque chose, il s’en dégage de l’énergie sous forme de chaleur. Et bien, par l’expérience simple de distillation que j’ai mise en place là-bas, il est très facile de comprendre ce phénomène. La chaleur est émise sous forme de vapeurs c’est à dire d’un gaz. Il suffit alors simplement de le liquéfier pour obtenir un liquide, vous êtes d’accord ?
- Oui certes mais venez en au fait.
- D’accord. Un fois le liquide obtenu, il ne reste plus qu’à le solidifier pour obtenir un corps dur et, dans des conditions de pression et de température précises, il est possible d’avoir de la glace. C’est exactement ce qu’il s’est produit, regardez.

Elle montra alors du doigt trois cercles rouges qu’elle avait tracée par ordinateur sur une image tirée du document vidéo.

- Voyez ? Ici, nous avons des cristaux de glace provenant de cette ondulation aérienne autour de lui. Là, il s’agit d’eau liquide ruisselant sur son corps et sur les matériaux environnants tandis qu’ici, enfin, il s’agit bien de gaz…Toutefois, il faut noter que la partie liquide est très peu visible pour ne pas dire indiscernable c’est vous dire la quantité d’énergie qui est mise en jeu…
- Etonnant…tout simplement étonnant…
- Ce n’est pas tout, sur la deuxième vidéo, les mêmes phénomènes agissent mais à une plus faible énergie. Cette différence est importante puisqu’il y a environ 120°C de différence. Cette fois ci, vous n’aurez aucune difficulté à distinguer les particules d’eau liquide…
- C’est vrai Nadja, vous avez raison. Et, pour la troisième vidéo ?
- Eh bien, cette troisième vidéo est plus difficile d’appréhension. Je n’ai réussi à l’expliquer que grâce à une hypothèse que je vais vous énoncer. Il est absolument impossible de rester aussi longtemps en apnée que ce jeune homme l’a fait. Seulement, imaginez un instant que, pour lui, l’eau froide et ces conditions rudes n’en soient pas. Imaginez qu’il soit dans son élément. Son corps aurait donc besoin de dépenser moins d’énergie pour assurer son métabolisme. Hors, comme nous l’avons vu précédemment, il est capable d’utiliser des quantités d’énergie considérables et donc, cela pourrait expliquer qu’il puisse tenir largement dix minutes, même privé d’oxygène…
- Attendez, vous êtes en train de dire que c’est cette mystérieuse énergie qui lui permet de réaliser l’impossible ? Vous rendez-vous compte de ce que vous avancez ?
- Oui et je suis quasiment sûre de moi, du moins autant que lorsque je vois cet homme utiliser le zéro absolu…
- Oui…
- Si vous me le permettez docteur, je voudrais me rendre en Sibérie pour aller tirer cela au clair.
- Savez vous exactement où ces documents ont été tournés ?
- Oui, il m’a suffit de consulter une banque de données et y soustraire la photo de ces personnes. Une seule identité a pu m’être révélée…
- Ah oui…et laquelle ?
- Celle du petit garçon à l’anorak gris. Il s’agit d’un certain Jacob…
- Très bien mais je vous donne une semaine car nous avons des travaux à poursuivre…
- Merci docteur.


Quelques heures plus tard, en Sibérie

Le vent glacial me fouettait non sans force le visage tandis que j’avançais péniblement dans cette mer de neige. Mes cheveux se collaient sur ma peau déjà emprisonnée par le froid tandis que j’avais peine à garder les yeux ouverts. Décidément, je n’avais pas de chance…Après avoir prévenu mais parents que je décalais leur venue d’une semaine, je venais de me faire surprendre par une tempête de neige. La violence allait croissante et je commençais à avoir peur. Mon corps s’engourdissait et mes jambes se dérobaient sous moi. Bizarrement, mon cœur semblait entrer en bradycardie…La dernière chose que je vis ce fut la silhouette d’un hameau et après, le vide total…

- Mademoiselle, vous m’entendez ? fut la première chose qui sembla me tirer de ma torpeur. Les mots étaient prononcés en Russe mais, heureusement, je connaissais assez bien cette langue.

Ce n’est pas la volonté de répondre qui me manqua à cet instant mais plutôt la force de la faire. Je ne sentais plus mon corps, mais je percevais une immense chaleur tenter de me pénétrer. Puis je retombai dans le coma.

Lors que j’ouvris les yeux, je vis une petit garçon qui entretenait un immense feu dans la cheminée. La pièce dans laquelle je me trouvais était à moitié plongée dans la pénombre. Seul le doux crépitement des flammes venait masquer le vent se fracassant contre les murs en bois de la demeure. Soudain, le garçon se retourna et, voyant que je le fixais, il s’approcha doucement du lit où j’étais étendue. Il était blond et ses immenses yeux bleus reflétaient l’amour et l’innocence qui inondaient son cœur.

- Enfin, vous êtes réveillée. Je commençais à perdre espoir, cette tempête à bien failli vous être fatale.
- Mais qui es-tu ? murmurai-je, encore fatiguée par les derniers événements.
- Désolé, je ne me suis pas présenté. Je suis Jacob et vous êtes dans ma maison.
- Enchantée, moi c’est Nadja. Tu vis tout seul ici ?
- Oui. Mais parents sont morts lorsque j’étais petit mais je me suis débrouillé avec l’aide de Camus, de Hyoga et d’Isaak.
- Ce sont tes amis ?
- Oui, enfin si l’on peut dire mais, vous devez être fatiguée…mieux vaut vous reposer, je vais m’occuper de tout.
- Merci, murmurai-je tandis que je tombais dans un sommeil profond.

Jacob…qu’elle ironie du sort. Le destin m’avait poussée, contre mon gré, sur le chemin de celui que j’étais venu rencontrer. Ce petite graine d’homme était d’une gentillesse immense et, lorsque je me suis présentée, il n’a nullement été effrayé.

- Vous savez Mlle Nadja, il y a quelque chose que je ne comprends pas. Ses yeux se firent ronds tandis qu’une lumière brillait au fond d’eux. Vous qui avez passé la plupart de votre vie en Italie n’auriez jamais pu survivre à cette tempête. Même si vous n’étiez pas en très bon état, vous vous en êtes sortis sans brûlure de glace, sans traumatisme majeur. Vraiment, pour quelqu’un de normal, vous m’étonnez.

C’est vrai, je n’y avais guère fait attention, sans doute portée par l’euphorie d’avoir trouvé Jacob, mais, j’étais indemne…Comment ?!?

- Dis-moi Jacob, connais-tu les hommes sur ces photos ? lui demandai-je tandis que je lui tendais les documents.
- Oui, bien sûr, il s’agit de Hyoga et de son maître, Camus, me dit-il après quelques instants.
- Son maître ? Pourquoi dis-tu cela ? Ce Hyoga était un élève ?
- Oui…vous savez, je ne devrais pas vous parler de ça mais, quelque chose dont j’ignore totalement le sens ma pousse à le faire. Voilà, Camus est, en quelque sorte, le protecteur de ce village. C’est un homme bon, généreux même s’il semble rester impassible devant les émotions. Ses pouvoirs extraordinaires l’ont élevé au rang de guerrier sacré.
- De quoi me parles tu mon garçon…l’interrogeai-je, croyant que la conversation déviait.
- Ici, Camus est appelé le magicien de la glace et de l’eau. Hyoga à suivi son entraînement dans nos contrées afin de se montrer digne de revêtir une armure sacré, lui aussi.
- … Je ne comprends pas ce que tu racontes…

Jacob s’était levé et, à présent, me tournait dos tout en regardant par la fenêtre…Il semblait chercher l’inspiration dans ce désert blanc.

- Le Verseau, murmura-t-il.
- Hein ?
- Oui, Camus est le chevalier d’Or de la constellation du Verseau.
- Un chevalier d’Or ?
- Oui, il est l’un des douze plus puissants hommes sur cette terre. Il sert et protège la Déesse Athéna qui lutte pour protéger la Terre et les hommes. Comme son maître, Hyoga sert cette noble cause mais sous la protection de la constellation du Cygne.
- Voyons Jacob, tout le monde sait que les Dieux ne sont que pure interprétation humaine des phénomènes incontrôlés de la nature…
- Non, c’est faux. Venez avec moi, je dois vous montrer quelque chose.

Je suivis donc ce mystérieux petit bout d’homme qui me mena prés d’un glacier visiblement abîmé par la nature. La détermination était visible sur son visage et, là, j’ai commencé à douter du mot rationalité.

- Voilà, reprit-il, c’est le glacier qui se trouve sur la photo.
- Comment ? Tu veux dire que c’est celui que Hyoga a brisé à main nu ? lançais-je, tandis que j’examinais déjà la chose.
- Oui, et au sommet se trouvait l’urne de Bronze du Cygne.
- Et cette immense trou là-bas.
- Et bien, c’est le trou par lequel Hyoga partait se ressourcer auprès de sa mère…
- Sa mère ? demandai-je, incrédule.
- Oui, Natassia, sa mère. Elle est morte, engloutie avec un bateau alors que Hyoga était tout petit. Le bateau est juste en dessous de nous et, sa mère aussi.
- Désolé, je l’ignorais…
- Dés qu’il revient ici, il revient toujours voir sa mère, sans doute la seule personne sur cette terre qui le comprenait vraiment.

Un long silence s’en suivit pendant lequel j’essayais de réorganiser mes pensées. Hyoga était ce jeune homme blond tandis que l’autre se nommait Camus. Apparemment, ils étaient tous deux serviteurs de la Déesse Athéna ; l’un est placé sous la constellation du Cygne et l’autre du Verseau…

- Vous savez, Camus est mort, souffla Jacob, tandis que son regard se posa sur moi.
- Pardon ?
- Oui, le chevalier du Verseau n’est plus et Hyoga est, en ce moment même parti se battre…Il y a peu de temps, alors que je jouais dehors, un flocon de neige d’une douceur sans pareil m’est tombé sur le visage. Il s’agissait là d’un message de Camus. Je me suis précipité droit devant moi, faisant fi de la tempête qui se levait et, je vous ai trouvé…
- Comment ? Tu veux dire que c’est ce Camus, qui de surcroît est mort, qui t’a prévenu de ma présence ici ?
- Oui…Et c’est ce qui explique que vous ayez survécu à la tempête…Il vous à protégé de son cosmos.
- Son cosmos ?
- Oui, l’énergie qu’il dégage et qui lui permet de manipuler la glace…La source de son pouvoir…

Voilà qui expliquait les prouesses qu’il avait accompli. Si cette énergie était si puissante que Jacob me l’a dit, alors il a réellement pu atteindre le zéro absolu. Pourquoi m’a-t-il protégé alors ? Je ne le connais pas…


Six jours plus tard, au centre de recherche de Saint-Laurent

Nadja était en train de s’afférer à la réalisation d’une expérience mais elle semblait ailleurs tellement ses gestes étaient mécaniques.

- Je n’arrive pas à croire tout ce que j’ai entendu lors de ce séjour en Sibérie. C’est donc le cosmos qui permet aux chevaliers de concentrer leur énergie et donc de réaliser des choses qui, à nous, pauvres humains, nous semblent impossibles. Voilà qui résolvait largement, d’après mes calculs, le problème de la chaleur molaire latente.

Elle n’avait cependant pas fait attention mais, sa main droite se trouvait posée sur une machine qui servait, dans le domaine scientifique, à exécuter des chromatographies phases gazeuses.

- Comment croire à de telles choses? C’est impossible et pourtant…les révélations et les indices sont plus que troublants…

Soudain, elle ressentit la morsure vivifiante du froid. Elle recula instantanément, laissant tomber le bêcher qu’elle tenait et qui se brisa, perdant le liquide qu’il contenait. Nadja regarda alors la machine. Elle était complètement gelée. Incrédule et surprise, elle parvint à retenir un cri qui se mourrait dans le fond de sa gorge.

- Impossible…, balbutia t-elle, comment cela est-il arrivé ?


C’est alors qu’elle ressentit comme une explosion intérieure…Une matière chaude était en train de se déverser en elle sans qu’elle sache pourquoi. Cela était comparable à une longue dérive dans l’espace, à travers les étoiles. Elle ramassa le bêcher qui se cristallisa instantanément de même que le liquide qu’il contenait. Elle remarqua alors une aura jaune qui l’entourait et qui disparut presque aussitôt. La chaleur et cette agréable sensation de percevoir l’univers à travers son corps aussi.

- C’est… C’est moi qui ai fait cela… ?

Elle regarda ses mains. Un sourire se dessina alors sur ses lèvres légèrement humides. Ses cheveux retombèrent sur son visage tandis que des larmes commençaient à perler le long de ses joues de porcelaine.


Plus tard

Nadja regardait par le hublot que lui avait offert sa place de voyage. Elle se trouvait à bord d’un vol en direction d’Athènes, comme inexorablement attirée par ce lieu Saint. C’est le lieu que Jacob lui avait indiqué. Le Sanctuaire, la terre promise des saints d’Athéna.
Lorsqu’elle commença à monter en direction du Parthénon, un flocon de neige vint s’écraser dans sa main.

- Merci Camus, merci de m’avoir guidée. J’espère me montrer digne de vous. En tout cas, j’ai déjà choisi ma voie : Celui qui, par quelque alchimie, sait extraire de son cœur, pour les refondre ensemble, compassion, respect, besoin, patience, regret, surprise et pardon, crée cet atome qu’on appelle l’Amour.

Une deuxième flocon vint s’écraser sur sa joue comme un signe d’approbation venu de nulle part. Cette joie qu’elle ressentit lui arracha une larme qui se cristallisa en tombant sur le sol chaud de Grèce. Un diamant venait de choir sur ce sol sacré. Il fut rapidement absorbé par cette auguste matière comme s’il en tirait son énergie vitale. Désormais, un diamant se trouvait sous cette terre couleur d’Or.

Oui, un diamant sous de l’Or.

de Saint Aiola



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Ce chapitre est copyright Julien Verdon.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.