Selkis, Chevalier d'Or du Scorpion
Les Mains pleines de Sang, les Yeux pleins de Larmes

Le soleil était déjà haut dans le ciel Egyptien, lequel semblait être peint dans un bleu presque irréel tant il était parfait. A la fois limpide et obscur, pas un nuage ne venait le salir, lui voler cette chasteté qui le caractérisait si bien. Les rayons de l'astre du jour venaient caresser avec nonchalance les grains de sable arborant déjà la couleur divine depuis toujours. Il n'y avait pas âme qui vive dans les environs mis à part quelques scarabées. Cela ne faisait que quelques minutes qu'elle avait regagnée la surface sur ordre d'Osiris. En effet, le Dieu lui avait accordé le droit de venir se reposer à l'extérieur. Elle avait chaud à mourir et, à ce moment, sa quereret lui semblait bien pesant. De couleur bleue, elle présentait la forme d'un scorpion. Il en était ainsi car elle représentait le scorpion d'eau, celui qui fait respirer, celui qui donne la vie et la protège. Les doux rayons effleuraient l'armure avec délicatesse et tendresse comme si Rê n'osait toucher la création de Dieu.

- Dis-moi Selkis, demanda soudainement la personne qui l'accompagnait, pourquoi aimes-tu tant venir te reposer à la surface ?

Selkis avait tourné la tête vers son frère d'arme. Sa quereret était noir, comme cet enfer, noir comme ce monde qu'elle habitait tous les jours depuis quatre années maintenant. Heureusement, son cœur était pur tout comme l'animal qui le caractérisait : le Scarabée.

- Tu sais Khepri, ici j'ai l'impression de revivre. Voir l'immensité du ciel, sentir les souffles brûlants sur ma peau, respirer cet air pur…tout cela, tout ce qui m'est impossible de faire en bas.
- Oui, je comprends, reprit l'autre, c'est vrai que c'est agréable. Ici, on se sent libre, tranquille…Et puis, il n'y a pas de bruit si ce n'est celui de la nature.
- Fais-tu allusion à l'effervescence dû à la trahison de Pharaon envers sa majesté Osiris, interrogea Selkis.
- Entre autre, continua-t-il. Tu sais, depuis toujours, le Spectre du Sphinx est un gardien d'Hadès car il lui permet de surveiller sa majesté en toute tranquillité. Mais, pourquoi diable a-t-il fallu que ce soit Pharaon ?
- C'est vrai…je l'ignore…souffla Selkis. Aton m'a dit qu'autrefois, Pharaon était un guerrier respecté au service de sa grandeur Osiris.
- Tu sais Selkis, je pense qu'il est inutile d'y revenir. Pharaon à choisit son camp et maintenant, nous n'avons plus de raisons de nous occuper de lui. Nous avons juste notre cœur pour pleurer et prier pour le salut de son âme.
- Tu as sans doute raison Khépri.

Les deux jeunes guerriers firent quelques pas dans le désert, profitant de ces instants de liberté. Ils aimaient flâner ça et la, observer leur environnement, le goûter…Puis, ils s'assirent au sommet d'une dune, l'esprit libre.

- Tu sais, se hasarda Khépri, dont le souffle s'était fait cours, à force de nous isoler à chaque fois, les autres vont sans doute s'imaginer des tas de choses et sa majesté risque de ne pas être contente.
- Ca m'est égale, répondit Selkis sèchement. Tu es à peu près le seul avec qui je m'entende bien mis à part Aton. J'aime sortir avec toi, discuter, rigoler…Tu dois être le seul et c'est bien triste…
- Oui, comme tu le dis…Je suis du même avis que toi.

Un homme d'une stature imposante avançait tranquillement, ne prenant pas garde aux nombreux cris qui résonnait ici bas.

- Voilà encore une nouvelle qui risque fort de déplaire à Selkis, mais bon, telle est la volonté de sa majesté, souffla-t-il.

Il arriva prés de ce que s'apparentait à une large brèche de plusieurs mètres de large. Aton avait toujours était surpris par la puissante illusion qu'Osiris utilisait pour la cacher aux yeux des Hommes.
Le soleil, murmura-t-il, comme il bon de sentir sa douleur apaisée par tes chauds rayons. A chaque fois, j'ai l'impression de renaître.
Scrutant les alentours, il ne vit personne. Mais, ses pouvoirs, contrairement aux autres mortels, lui permettait de localiser ses compagnons. En un éclair il arriva près de la dune où Selkis et Khépri étaient assis. Sans faire de bruit et dissimulant son aura, il s'approcha des deux jeunes gens, avide de connaître la finalité de leur conversation.
Il semblerait que le sujet qui revenait le plus souvent était le bien-être que ces deux jeunes se procuraient en restant seul dans cette mer de sable.

- Selkis, dit-il soudain, ce qui ne manqua pas de faire sursauter les deux jeunes Kaous.
- Oui Aton, balbutia-telle, toujours sous le coup de la surprise. En même temps, Khépri avait incliné la tête, signe de profond respect envers lui.
- Selkis, je crains de n'être porteur de mauvaises nouvelles te concernant. C'est au sujet d'Amenthés…
- Quoi, il lui est arrivée quelque chose ? interrogea-t-elle, les yeux grands ouverts.
- Ca ne saurait malheureusement tarder…Sa majesté Osiris m'a demandé de te remettre personnellement sa surveillance car il semblerait qu'il se rende coupable d'actes peu scrupuleux envers sa grandeur.

Selkis plaça une main sur son cœur et s'agenouilla comme il en était coutume.

- Très bien Aton, je me charge de cette mission. Vous pouvez compter sur moi.
- Bien Selkis, je le savais. A présent, je retourne auprès de sa Majesté. A plus tard.
- Au revoir Aton, clamèrent en cœur les deux jeunes gens.

Le puissant Kaou s'était éloigné et Selkis se releva. Son jeune ami lui mis une main sur l'épaule avant de lui caresser l'oreille avec ces douces paroles.

- Ne t'inquiète pas, je sais qu'Amenthés est une personne importante pour toi. Il doit avoir de bonnes raisons pour faire ce qu'il fait. Tu ne crois pas
- Si, sans doute, tu dois avoir raison, du moins, je l'espère…
- Mais oui…ce n'est encore pas aujourd'hui que nous pourront être tranquille.

Les deux jeunes gens se dirigèrent alors vers une autre dune puis disparurent comme ils étaient arrivés.

L'ombre.

La seule mis à part notre seigneur qui règne sur ce sombre royaume. Pourquoi ?
Tout cela serait mieux avec la lumière, la musique, la joie…bien au contraire, tout n'est qu'ombre et silence…

Une voix.

A la fois douce et gracieuse, une petite voix se faisait entendre.

- Votre majesté, j'affirme que ce défunt m'est conforme. Son cœur n'a guère fait pencher la balance.

Une immense voix caverneuse résonna dans le fond de la pièce. Assis sur ce qui se présentait comme étant un trône en or massif, une homme d'une grande corpulence s'agitait.

- Très bien Maât. Tu as reconnu Nour comme étant Maâty. Horus…
- Oui votre grâce ?
- Emmène-le sur les terres de mon domaine…
- Bien seigneur.

Un homme, qui se trouvait à côté de Maât se courba en direction du Dieu puis avança dans sa direction. Pendant ce temps, Selkis était arrivée dans la salle et était venue se positionner aux côté d'autres Kaous.

- Votre grandeur, commença timidement l'homme.
- Qui y a-t-il Amenthés ?
- Pardonnez mon ignorance mais il me semble que la lassitude vous gagne ?
- Ah oui, fit le Dieu amusé, et comment pourrais-tu le savoir ?
- Eh bien, vous ne semblez guère content des sentences que vous prononcez…

Pour toute réponse, le dieu se contenta de grogner. En même temps, une nouvelle âme était venue se présenter devant le tribunal divin. Une fois de plus, Maât exécuta sa tâche avec la grande conscience et la grande sagesse qui étaient siennes. Après quelques instants, elle déclara :

- Votre majesté, le cœur de cette homme est impur et il ne peut m'être conforme.

Osiris, un rictus inquiétant sur le visage, se dressa d'un bond.

- Très bien, Iadine, tu n'es pas conformes à Maât, ton cœur est plus noir que ces lieux. Moi, Osiris, grand souverain du monde des morts te condamne à la Dévoreuse.
- Non votre honneur, je vous en supplie……..non ! hurla le pauvre bougre qui tentait de s'enfuir mais, c'était sans compter sur les fidèles Kaous du Dieu.
- Maât, reprit-il, fais ton devoir.
- Oui, murmura-t-elle.

Puis, elle se concentra, emprisonnant ainsi l'âme du défunt dans son ba puis, elle le dirigea par la pensée au dessus d'un gouffre. Le gouffre possède des dents sur les côtés et semble profond…une sorte d'oubliette infernale. Puis, elle le laissa tomber dedans tandis que le malheureux hurlait de toute sa voix. La gouffre se referma aussitôt puis, plus un bruit. Seul le ricanement d'Osiris venait troubler la tranquillité des lieux. Toutes les personnes présentent dans la salle à cet instant purent sentirent l'extinction définitive de l'aura de cet homme qui avait fait sans doute beaucoup de mal lors de sa vie.

- Tu vois Amenthés, lança soudain Osiris, faisant sursauter plus d'une personne, voilà quelle est mon quotidien. Suivant le jugement de Maât, je dirige l'âme vers son ultime destination. Il est normal que la lassitude me gagne non ?
- Oui, balbutia-t-il, oui seigneur.

Selkis descendait rapidement les marches menant à l'endroit où Amenthés avait l'habitude de se trouver espérant justement mettre la main sur lui. Par chance diront certains ou par pur hasard, c'est lui même qui l'interpella.

- Selkis, viens ici je te pris, j'ai à te parler. Sans mots dire, elle continua son cheminement pour venir se placer à côté de lui.
- Amenthés, lanca-t-elle, les yeux emplis de colère, a quoi joues-tu ?
- Je vois, Osiris t'a ordonné de me surveiller…je comprends, il espère ainsi pouvoir disposer de moi comme bon lui semble.
- Arrête ! hurla-t-elle. Pourquoi agis-tu ainsi ? Pourquoi se mettre soudainement à haïr notre maître ? Pourquoi ?

Amenthés leva des yeux embrumés de larmes vers la jeune femme.

- Selkis, tu ne comprends donc rien ? Viens avec moi, je vais te montrer quelque chose.

Puis, il se retourna et poussa une lourde porte qu'il était facile de confondre avec la roche dont les enfers étaient faits. Continuant son chemin, il pénétra dans ce qui se trouvait être…

- La troisième prison des enfers, murmura Selkis, étonnée. Mais comment ?

Amenthés avançait jusqu'à ce qu'un corps vienne arrêter sa démarche. Puis, il le pointa du doigt sans mot dire. La jeune femme regarda par dessus son épaule et aperçu le corps d'un homme dont le visage ne lui était que trop familier.

- Pharaon, souffla-telle. Amenthés, est-ce bien…
- Oui, coupa-t-il sèchement, venant s'agenouiller devant la dépouille du guerrier. Il s'agit bien là du cadavre de Pharaon, ancien Kaou.
- Mais, demanda Selkis, encore sous le coup de la surprise, que fait-il ici et pourquoi est-il mort ? Amenthés, répond moi.

Toujours sans bouger, l'homme commença son bien triste récit quand à l'avenir de la chevalerie.

- Selkis, comme tu le sais, Pharaon à trahis Osiris et s'est rangé du côté d'Hadès, le seul et unique maître des enfers. En réalité, cette histoire n'est que totale usurpation..
- Quoi, souffla Selkis ? Usurpation ?
- Oui. Pharaon n'a trahis personne. Depuis des générations et des générations, Pharaon est un spectre au service d'Hadès, c'est le spectre de l'étoile céleste du Sphinx. Il est l'émissaire déployé par Hadès pour garder la troisième prison à côté de laquelle se trouve le royaume d'Osiris. Osiris n'est qu'un gardien, chargé de surveiller la brèche menant sur les Enfers à partir de l'Egypte et de s'en charger. Pharaon, lui, surveille les faits et gestes d'Osiris et les rapporte à son maître pour qu'il puisse mieux le surveiller.
- Mais, demanda Selkis ahurie, comment sais tu tout cela ?
- Et bien, je suis comme lui. Mon rôle est de garder la porte qui mène sur la troisième prison à partir du côté de l'Egypte…Enfin, toujours est-il que Pharaon n'est pas un Kaou. Lorsque vous l'avez connu, il s'est fait passer comme tel grâce à ma discrétion ainsi que celle d'Osiris car il devait régler quelques points avec lui. Cependant, pour n'alerter personne, nous l'avons couvert et, quand personne n'était là, je le faisais passer la porte pour qu'il regagne son royaume.
- Voilà pourquoi il n'était guère présent, murmura Selkis.
- Exactement. Cependant, tu dois savoir qu'Hadès est mort.
- Quoi ?!?
- Oui, il y a de cela quelques heures. Il à été défait par la Déesse Athéna et ses chevaliers sacrés. Ils sont venus le combattre dans le royaume des morts ce qui explique le décès de Pharaon. Tous ont disparus, tous les spectres…Voilà, c'est à partir de ce moment là qu'Osiris à commencé à changer. N'ayant plus rien à craindre de son supérieur, il s'est dit qu'il était temps de rassembler ses guerriers et de s'emparer des enfers. C'est sûrement la même idée qu'ont eut tous les autres gardiens de portes comme Hell…Malheureusement, une femme est apparue. Sa puissance est légèrement inférieure à celle d'Hadès mais elle surpasse tout de même celle d'Osiris et des autres…Cette femme n'est autre que Perséphone, la reine des enfers, l'épouse du Dieu des Morts.
- Comment ?
- Oui, folle de rage d'avoir perdue son mari, elle est entré dans un état de folie suprême. Comme l'est une épouse blessée dans son orgueil, elle à décidé de punir Athéna et de réorganiser le royaume d'Hadès. C'est pourquoi elle est venue rendre visite à Osiris et c'est aussi pourquoi il t'a autorisé à te rendre en surface.
- Impossible, balbutia-t-elle…
- C'est pourtant la vérité. Elle s'est entretenue avec lui et, crois moi, j'ignore de quoi ils ont bien put parler, mais depuis, Osiris est différent.
- Non, c'est faux, je…
- Ne te mens pas Selkis, tu le sais aussi bien que moi. Tu étais là lorsque l'âme fut envoyer dans la dévoreuse. Tu as vu comme moi son sourire malicieux, son air de satisfaction.

Selkis ne bougeait plus. Si ce que son ami venait de dire était vrai, alors, elle avait…non.
Allons, rentrons avant que des ennuis nous tombent dessus et laissons se brave Pharaon reposer en paix.

Le silence.

Encore et toujours, éternel, comme le règne de son maître. Pas un bruit, pas un son ne venait troubler la tranquillité de cette partie du Royaume que les Kaous se devaient de protéger. C'est étrange. Les âmes des défunts ne se plaignaient pas. C'est sans doute à cause de cette atmosphère malsaine, plus qu'à l'ordinaire qui régnait en ces sinistres lieux.

- Ce n'est pas possible, pensait Selkis, Amenthés ne peut avoir raison. Osiris est un Dieu bon. Mon maître me l'a toujours répété et, lorsque j'ai put revêtit ma quereret, j'ai ressenti la douceur de son ba. Il était si chaud, si apaisant…non, Amenthés se trompait, mais pourquoi ? Pourquoi agissait-il ainsi ? De plus, il semble connaître bien plus de choses qu'il n'ose l'avouer…C'est sans doute pour cela qu'on m'a demandé de le surveiller…

Selkis se retourna, observant la croix de Ankh qui se trouvait sur le tombeau qu'elle devait protéger. Elle brillait comme de l'or, elle apportait un peu de lumière dans ce monde de ténèbres.

- Selkis ? lança une voix qui lui était plus que familière.
- Oui, Aton, murmura-t-elle sans pour autant se retourner. Qui y a-t-il ?

Le silence qui s'installa alors ne laissait rien présager de bon. Selkis serra les poings et les dents.

- Sa majesté Osiris, repris Aton, à décrété l'état de guerre…
- Comment ? hurla Selkis, se retournant violemment, les yeux injectés de sang…Que se passe-t-il encore ?
- Eh bien, sa majesté à ordonné à tous les Kaous de se rassembler afin de préparer une offensive. Il désire organiser sa défense avant d'attaquer.
- Attaquer ? Mais qui ? Aton, réponds moi, qui veut-il attaquer et pourquoi ?
- Je n'en sais rien et cela m'embête mais nous devons lui obéir. Toujours est-il que celui qui désobéira ou désertera sera exécuté sans pitié. C'est pour cela que je suis venu te voir, sa majesté t'attend.
- Hein ? Exécuté ?…très bien, j'y vais de ce pas…merci Aton.

Puis, tournant les talons, elle se dirigea rapidement vers la salle du trône. Elle poussa les lourdes portes en Or et traversa rapidement la salle, jetant un regard sévère à la dévoreuse. Maât, quand à elle, était toujours là, observant silencieusement la grande balance qui se dressait devant elle. Puis, elle vint s'agenouiller devant son maître qui l'observa silencieusement.

- Majesté, vous m'avez fait demander ? souffla-t-elle, la tête courbée et une main sur le cœur.
- Oui Kaou du Scorpion. Il est temps que tous mes fidèles protecteurs retrouvent enfin les racines de leurs existences.
- Les racines, majesté, que voulez-vous dire ?
- Ecoute moi bien, tu es le Scorpion, impitoyable et puissant, tu es crains par tout le monde. Même les Dieux ont peur de ta piqûre. C'est pourquoi tu vas superviser tout le monde et tu exécuteras tous ceux qui s'opposeront à moi où qui feront actes de faiblesse.
- Mais…majesté, malgré tout le respect que je vous dois, je…
- Il suffit Selkis.

Soudain, un trait d'énergie parti d'on ne sait où et fin frapper Sekis. Elle fut projeté à plusieurs mètres et vint atterrir aux pieds de Maât. Celle si n'avait pas bougée, semblant discuter harmonieusement avec sa balance.

- Selkis se redressa péniblement puis repris la position de respect.
- Selkis, oserais-tu me contredire ? grogna Osiris visiblement furieux.
- Non maître, je suis désolé. Très bien, je vais surveiller tout le monde…
- Parfait. Tu peux disposer.
- Comme bon vous semble seigneur.

Elle se retira et resta un moment derrière les portes. Incroyable, Osiris avait levé la main sur l'un de ses protecteurs…En plus, elle se devait d'exécuter n'importe qui s'il venait à désobéir…Pourquoi ?
Soudain, un cri retenti venant ainsi déchirer le fil de ses pensées.

- Alerte, quelqu'un vient de dérober un Ankh.

Hein ? Quelqu'un vient de voler l'une des quatorze reliques sacrées d'Osiris. Et cette voix, c'était celle d'Anubis.
Sans plus réfléchir, elle se lança à la poursuite du voleur en murmurant ce mot :

- Amenthés…

L'air frais sur son visage lui procurait toujours cette agréable sensation de vie. De plus, la chaleur étouffante la faisait se sentir vivante. Elle enjambait avec grâce les monticules de sables baignés par la lumière du soleil. Le désert était pareil à un miroir, reflétant la lumière, aveuglant quiconque le souillant. Une silhouette tentait de lui échapper, courant de toutes ses capacités.
Selkis rattrapa sans peine le malheureux. Il s'agissait bien d'Amenthés, l'étrange gardien de la porte menant à la troisième prison des enfers. Le seul lien entre Osiris et Hadès.

- Amenthés, cria-t-elle, arrête toi.
- Non Selkis, désolé mais plutôt mourir que de me laisser capturer.

Elle se figea. Mourir.
Est-ce bien le mot qu'il venait de prononcer ?
Elle se souvenait des paroles d'Osiris : « tu es le Scorpion, impitoyable et puissant, tu es crains par tout le monde. Même les Dieux ont peur de la piqûre du Scorpion. C'est pourquoi tu vas superviser tout le monde et tu exécuteras tous ceux qui s'opposeront à moi où qui feront actes de faiblesse. »

- Puis, fermant les yeux, elle se mis en position tandis qu'elle prononçait la sentence de son adversaire.
- Deadly Scorpion Sting !

Plusieurs chocs.

Amenthès était là, étendu dans une mer de sable, son corps meurtri par les coups. Le sang s'écoulait de lui comme pour le fuir. Selkis se tenait désormais non loin de lui, le souffle encore cours par les quelques attaques portées.
- Ecoute Amenthés, présentes tes plus plates excuses à sa majesté Osiris, peut être te pardonnera-t-il ta folie.
- Non Selkis, je t'en supplie, crois moi.

Plus il parlait et plus ses plaies saignaient. Il avait déjà reçu quatorze piqûres. Il n'en restait plus qu'une pour le tuer définitivement. Malgré la douleur, malgré cela, il restait impassible et continuait à expliquer son geste.

- Comment peux-tu oser croire un seul instant que je gobe ton histoire ?
- C'est pourtant la vérité, Osiris n'est plus le même que le Dieu bon qu'il était autrefois. Il est devenu plus enclin au mal. Enfin, tu l'as bien vu lorsque Maât effectue la pesée sur la balance, lorsque le mort est dit Maâty, Osiris semble las, voir en colère.
- Arrête Amenthès, tu dis n'importes quoi pour sauver ta vie.
- Non…n'as tu pas remarquée son sourire malicieux, cette expression de plaisir, de jouissance qu'il prend quand quelqu'un passe à la dévoreuse ? Allons Selkis…
- S'en est trop Amenthès, je n'ai pas le droit de te laisser parler ainsi de notre maître. Tu as déserté ton poste, tu es partis et le seul sort qui t'attend est la mort. Et c'est moi, Selkis, Kaou du Scorpion qui vais exécuter ce châtiment divin.
- Non Selkis, je ne peux te laisser faire, pas toi…Je t'en pris, reviens à la raison…
- Deadly Scorpion Sting !
- Selkis, noooooooooooooooonnnnnnnn!

Et puis, plus rien. Son corps s'immobilisa. Sa tête était retombée lourdement sur le sable.
Finalement, pour la première fois de sa vie, elle avait utilisé l'ultime piqûre du Scorpion. Elle avait permis à Amenthés de passer de vie à trépas pour expier son crime.
Selkis se pencha et posa une main sur le front encore chaud de l'homme. Ses yeux étaient rouge, non pas de colère mais de tristesse, de douleur.

- Amenthés, souffla-t-elle, pourquoi ne m'as tu pas écouté ? Toi, mon meilleur amis, l'homme qui m'a tout appris sur la philosophie de la vie, l'homme qui m'a permis de construire la femme que je suis désormais. Aton m'a enseigné la puissance et m'a éveillé au pouvoir des guerriers sacrés mais toi tu m'a façonnés, tu t'es occupé de moi…Amenthés…Pourquoi ne pas t'être défendu ? Tu aurais put rivaliser avec moi…pourquoi ?

Serrant les poings, elle entrepris de ramener la dépouille de son amis près du lieux qu'il avait défendu durant toutes ces années.
Puis, détournant son regard, elle perçue le Ankh, légèrement enfoncé dans le sable.

- C'est celui qui est sous la responsabilité d'Anubis…Pourquoi l'a-t-il dérobé ? Sans doute pour éviter ainsi a Osiris de pouvoir revêtir sa véritable Kaou…Amenthés…

Selkis regardait péniblement ce fier guerrier qui autrefois avait été son maître

- Selkis…mes ordres sont pourtant clairs. Tu a trahis les tiens et seul la mort pourrait apaiser ta folie mais…

Le sang s'écoulait de multiples plaies tandis que son goût amer imprégnait sa bouche comme ses narines. Malgré sa puissance, elle avait été incapable de réagir, de faire quoique ce soit pour contrer la puissance de cet homme. Il était bien trop fort pour elle.

- Selkis, reprit-il, tu es ma disciple et je ne peux me résoudre a éteindre définitivement ta vie. Toi seule peut décider de ta destinée. J'espère qu'un jour tu me comprendra et me pardonnera, adieux.

Aton leva son bras droit tandis qu'un tourbillon d'air se formait autour de lui. Puis, hurlant, il le projeta sur son élève, totalement impuissante. Son dernier regard fût pour le phare d'Alexandrie, monument ancien et fier qui se dressait là, devant elle. Elle fut éjecté dans les airs et retomba à quelques dizaines de mètres dans de l'eau. Oui, il l'avait envoyé dans la Mer Méditerranée où sa vie s'achèverait sûrement.
Si un jour je dois renaître, pensa-t-elle, j'espère pouvoir me battre pour une cause juste et non pour un être dont seul le pouvoir est source de satisfaction. Aton, Képri…pardonnez moi. Amenthés, je vais finalement te rejoindre. Pardonne moi d'avoir été aussi naïve. Mais, après tout, je viens d'être punie alors, ne m'en veux pas…
Puis, elle ferma les yeux, se laissant aller lentement vers une torpeur qui s'annonçait éternelle.

Finalement, elle avait été abusée par Osiris, et maintenant, qu'allait-elle devenir ?
Elle dérivait au gré des courants, les mains tachés de sang et les yeux teintés de larmes...

de Saint Aiola



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Ce chapitre est copyright Julien Verdon.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.